Eperdument, de Pierre Godeau

« Gnouf et amourettes » aurait clamé Michel Audiard s’il avait été aux commandes de cet étonnant film. Jean Lefèvre et Mylène Demongeot auraient pu faire partie de cet hypothétique casting couleur sixties.
De prime abord, le choix de Guillaume Gallienne me parut curieux pour affronter le sex-appeal de la jeune Adèle Exarchopoulos. Je vois essentiellement ce garçon dans une posture théâtrale, évoquant avec la verve spéciale qu’on lui connaît la Comédie Française, mais je dois admettre au fur et à mesure que l’histoire évoluait, que sa crédibilité dans ce rôle croissait comme sa déraison qui le conduirait vers une déchéance certaine.
Ces deux acteurs sont d’une précision telle qu’on en viendrait presque à oublier leur identité. Jean est directeur de prison. Il aurait pu être directeur de l’agence Ford et côtoyer de jeunes créatures vêtues de prototypes estampillés haute-couture, mais c’est l’univers de l’administration pénitentiaire version féminine qu’il a choisi pour « bercer » son quotidien. Il est donc en charge d’un établissement pour femmes, avec son lot de concurrence et de surprenantes violences. Certaines détenues se comportent comme des hommes, jouant les caïds et en venant quelquefois aux mains pour affirmer un ego devenu fragile entre quatre murs. Pourtant, l’une d’entre elles se détache du lot et Jean, tombe amoureux et dans le panneau simultanément. Je peux le comprendre le Commandant, titre auquel sa fonction lui permet l’accès, car la petite Anna, alias Adèle Exarchopoulos, fait planer autour d’elle une onde de sensualité déconcertante. Même en survet’, peu d’hommes mariés oseraient dire: « je vous en prie, mademoiselle, tenez vous ! ». Il fond peu à peu sous la chaleur de ses regards puis plus franchement sous celle de leurs baisers. Mais voilà, il est fonctionnaire, asermenté et malgré ses excellents états de service, il est rattrapé par ses écarts. Le taulier et la taularde font désordre pour une hiérarchie qui ne plaisante pas.
Pierre Godeau, le réalisateur, montre avec un rythme efficace faisant presque oublier le quasi huis-clos de l’univers carcéral; comment un homme peut chavirer pour la suave bouche d’une femme et pour une fois pas seulement pour ses beaux yeux au risque perdre ses galons et son équilibre.

Cet article, publié dans billet d'humeur, critique de cinéma, critiques de cinéma, critiques de films, critiques spectateurs, Uncategorized, est tagué , , , , , . Ajoutez ce permalien à vos favoris.

Laisser un commentaire