Au bout des doigts, de Ludovic Bernard

La musique classique, si intelligente et pénétrante, celle que mon père m’a fait savourer quotidiennement sans le savoir, depuis des années; « subissant » enfant, lors d’interminables trajets en voitures les airs de Verdi et autres cantates de Bach. 

La musique classique, que Ludovic Bernard, le metteur en scène a choisi de magnifier au cinéma le temps d’un film.

La musique classique, clé de voûte de cette histoire faite d’audace, de persévérance et de batailles d’orgueils. 

Pierre Geithner, alias Lambert Wilson est l’un des caciques du Conservatoire National Supérieur de Musique. Il repère par le plus grand des hasards, qui fait tout selon moi, un jeune homme, Mathieu Malinski ( alias Jules Benchetrit ), issu des banlieues qui « déchire sa race » en caressant de ses doigts prodigieux et furieux un piano public de la Gare du Nord. Bouche bée devant le talent du teenager plus sensible au doigté de Glenn Gould qu’au jeu de jambes de Rocheteau, Pierre s’arme de conviction en tentant de convaincre Mathieu, dans le cadre d’une sanction de justice ( car bien que brillant l’adolescent demeure flou dans certains de ses actes ), afin qu’il rallie ses troupes artistiques, pour qu’il puisse éclore vraiment. 

Pierre a une raison particulière, que je ne dévoilerai pas, de s’émouvoir du talent du jeune homme, pourtant rebelle et brutal. Mais son entêtement, sa foi en cet art si subtil et son admiration presque paternelle pour Mathieu finiront par porter leurs fruits et faire en sorte que de beaux destins se nouent mélodieusement.

Clin d’oeil à l’actrice Kristin Scott Thomas, jouant une professeur de piano aussi détestable qu’attachante, portée par le don du jeune acteur, pianiste d’un temps.

Belle histoire au niveau d’émotion élevé et beau coup de chapeau de Ludovic Bernard à cette musique si belle, profonde et complète que tout le monde devrait pouvoir aimer ou au moins goûter.

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L’homme fidèle, de Louis Garrel

L’homme fidèle. Ce titre, à lui tout seul, fait déjà planer tant de doutes.

Louis Garrel peut pourtant bomber le torse et se rouler ne serait-ce qu’un peu dans le contentement. Il est en effet l’auteur d’un film beau, émouvant et précis, avec le soutien de l’omniscient Jean-Claude Carrière. Le charme du film découle du rythme imprimé par l’acteur-réalisateur, assez lent et de la simplicité du déroulement de l’histoire.

Un triangle amoureux qui pourrait de par sa nature se perdre dans d’infinies complications et qui demeure huilé comme une mécanique presque parfaite. J’essaie de trouver un défaut à ce film, une pointe d’ennui, une incohérence, en vain.

Les quatre acteurs principaux se confondent avec la vie réelle, se questionnant sans cesse, sans pudeur aucune, avec candeur parfois.  Mention spéciale pour ce petit garçon, attendrissant perturbateur, qui me rappelle quasiment trait pour trait un autre petit garçon que j’ai naguère adoré. Cette histoire d’amours, près des jardins du Ranelagh, offre au spectateur sensible, tel que moi, un moment de finesse et de douceur qui réchauffera les âmes et les coeurs.

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Monsieur, de Laurent Delahousse

D’aucuns trouvent que Laurent Delahousse verse trop facilement dans l’admiration et la flatterie, mais il faut avouer qu’en réalisant « Monsieur », il a été joliment inspiré.
Un long moment passé en images dans l’intimité de Jean d’Ormesson ponctué de confidences où l’écrivain ne met pas le moindre voile sur ses émotions.
De longs plans tantôt silencieux, tantôt mis en musique par Julien Doré, dont l’un des tatouages ne laisse pas de doute sur la motivation qu’il a eue à participer à ce film.
Touchant au possible, on découvre l’écrivain charmeur dans l’étonnante simplicité de son quotidien, laissant parfois croire qu’il ne prenait pas grand chose au sérieux et évoquant souvent avec prudence, non sans un sourire malicieux, son attrait prononcé pour l’hédonisme.
Le voyant parfois réfléchir dans de fort jolis décors, on l’imagine savourant sa joie et non sa satisfaction, d’avoir passé sa vie à écrire des livres et à manier si aisément l’un des plaisirs qu’il aimant tant.
Ce film a de la gueule comme il en avait lui.
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Casablancas, l’homme qui aimait les femmes, d’Hubert Woroniecki

La curiosité, ce moteur qui m’anime chaque jour qui passe. S’intéresser à l’autre, à la raison pour laquelle il en est arrivé là, aux méthodes qu’il a employé pour parvenir à ses fins dans le domaine qui l’inspire le plus.
Aujourd’hui, c’est à la vie d’un bellâtre qui éveille mon intérêt, celle de John Casablancas.
D’abord, son nom a quelquechose de romanesque. Son physique s’apparentant un peu à celui de Don Johnson, toujours éclairé par ce sourire que peu d’inquiétudes semblent capables de tâcher.
Chacun choisit plus ou moins sa voie. Celui-là a compris qu’il fallait savourer la vie le plus intensément possible et faire de l’hédonisme sa philosophie.
Loin d’être dans le « siffler en travaillant », Monsieur Casablancas a aimé aller au bureau des années durant.
En découvrant à l’adolescence sur une plage de la Côte d’Azur ce que les femmes pouvaient susciter comme émois, le jeune John se mit en tête qu’il lui faudrait le plus souvent possible être entouré de celles sans qui lui et moi ne serions rien.
Hubert Woroniecki, ancien membre des équipes de l’agence Elite créée par John Casablancas, étant resté en bons termes avec la direction, décida de recueillir le récit du businessman glamour et d’en faire un documentaire agréablement conçu, au parfum nostalgique.
L’enthousiasme, la sensibilité et l’audace de l’homme d’affaires sont mis en relief, illustrés des témoignages de ses proches collaborateurs et de la gratitude des icônes qu’il a fait naître.
Il disparait prématurément, paraissant bien plus jeune que ses soixante et onze ans; le plaisir et le sourire conservant bien visiblement.
John Casablancas a mélangé vie professionnelle et vie personnelle, concept au combien périlleux mais dont il a su tirer profit sans pour autant éviter certaines blessures du coeur. Il a aimé son job, a aimé les femmes, aimé ses femmes et il a eu raison.
Hasard curieux, j’en ai autant appris en une semaine sur la carrière de cet homme que sur celle de feu Michel Rocard, qui partageait le même goût pour la gent féminine, motivé cependant par des enjeux moins « ludiques ».

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Eperdument, de Pierre Godeau

« Gnouf et amourettes » aurait clamé Michel Audiard s’il avait été aux commandes de cet étonnant film. Jean Lefèvre et Mylène Demongeot auraient pu faire partie de cet hypothétique casting couleur sixties.
De prime abord, le choix de Guillaume Gallienne me parut curieux pour affronter le sex-appeal de la jeune Adèle Exarchopoulos. Je vois essentiellement ce garçon dans une posture théâtrale, évoquant avec la verve spéciale qu’on lui connaît la Comédie Française, mais je dois admettre au fur et à mesure que l’histoire évoluait, que sa crédibilité dans ce rôle croissait comme sa déraison qui le conduirait vers une déchéance certaine.
Ces deux acteurs sont d’une précision telle qu’on en viendrait presque à oublier leur identité. Jean est directeur de prison. Il aurait pu être directeur de l’agence Ford et côtoyer de jeunes créatures vêtues de prototypes estampillés haute-couture, mais c’est l’univers de l’administration pénitentiaire version féminine qu’il a choisi pour « bercer » son quotidien. Il est donc en charge d’un établissement pour femmes, avec son lot de concurrence et de surprenantes violences. Certaines détenues se comportent comme des hommes, jouant les caïds et en venant quelquefois aux mains pour affirmer un ego devenu fragile entre quatre murs. Pourtant, l’une d’entre elles se détache du lot et Jean, tombe amoureux et dans le panneau simultanément. Je peux le comprendre le Commandant, titre auquel sa fonction lui permet l’accès, car la petite Anna, alias Adèle Exarchopoulos, fait planer autour d’elle une onde de sensualité déconcertante. Même en survet’, peu d’hommes mariés oseraient dire: « je vous en prie, mademoiselle, tenez vous ! ». Il fond peu à peu sous la chaleur de ses regards puis plus franchement sous celle de leurs baisers. Mais voilà, il est fonctionnaire, asermenté et malgré ses excellents états de service, il est rattrapé par ses écarts. Le taulier et la taularde font désordre pour une hiérarchie qui ne plaisante pas.
Pierre Godeau, le réalisateur, montre avec un rythme efficace faisant presque oublier le quasi huis-clos de l’univers carcéral; comment un homme peut chavirer pour la suave bouche d’une femme et pour une fois pas seulement pour ses beaux yeux au risque perdre ses galons et son équilibre.

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Le convoi, de Frédéric Schoendoerffer

Entre vendre des glaces sur l’île Saint-Louis et convoyer de la drogue du Royaume d’Espagne à la riante cité de Creil, il y a un monde.
C’est en l’occurrence la description de ce dernier type d’emploi que Frédéric Schoendoerffer nous propose dans ce long métrage très viril.
Benoît Magimel, alias Alex, est le « manager » d’une bande de loufiats, tous installés à bord de grosses cylindrées. Il fait la gueule et impose le respect sans qu’il y ait d’ailleurs de lien particulier entre ces deux états. Ses sbires sont de jeunes garçons peu soucieux de la sécurité de l’emploi et de l’intérêt du poste mais très sensibles à leurs prétentions salariales.
Le cadre plutôt banal d’une longue autoroute laisse pourtant une vaste place à une tension extrême tout au long de l’histoire. Les employés d’Alex ont deux qualités essentielles pour lui: celle de conduire vite et de n’avoir pas froid aux yeux. Ils ont aussi un principal défaut, celui de manquer totalement de sang-froid.
Les risques encourus, la panique de se faire prendre, les imprévus, l’arrivée inopinée d’une jeune femme ( Reem Kherici ) au milieu de tout ce casting de lascars; font de ce film d’action qui met pourtant du temps à trouver sa vitesse de croisière, un film haletant et tendu au ton grave, qui pourrait même faire de l’ombre à certaines réalisations américaines.
Benoît Magimel règne sur ce « go fast » de cinéma précédé par son charisme pas si froid que l’on croit et agrémenté d’un habile coup de volant. Je me réjouis d’ailleurs qu’il ait été primé aux Césars, ces jours derniers, pour son rôle d’éducateur dans « La tête haute ». Son émotion sincère quand il monta sur scène pour se saisir de la fière statuette et balbutier quelque remerciement, ressemblait beaucoup à celle qui émane de nombre de ses interprétations au cinéma. Blonde valeur sûre du cinéma français pour longtemps encore.

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The finest hours, de Craig Gillespie

De l’eau à foison. Des vagues, des bourrasques, de la pluie, de la neige même. Tant d’humidité cinématographique ferait pâlir les enfants du Sahel.
Ce film d’action raconte l’histoire vraie d’un périlleux sauvetage effectué par un bateau de petite taille pour un navire de grande taille, coupé en deux accidentellement et menaçant, bien évidemment, de sombrer dans d’effrayants délais. La problématique: faire tenir une trentaine de marins remontés et dont la délicatesse n’est pas le fort, sur un frêle esquif d’une dizaine de mètres. Le tout se passant, pour corser l’affaire au début des années cinquante; oubliés donc les hélicoptères, les GPS, les moyens sophistiqués de secours qui même s’ils ne sont pas toujours efficaces à cent pour cent, ont au moins le mérite de rassurer les flippés en perdition.
Je pense, au sortir de cette salle obscure, à ma chère amie Tatiana Riegel, qui a passé des mois dans l’obscurité d’une salle de montage américaine, pour confectionner, d’un mélange d’inspiration, d’intuition, d’informatisation, ce long film d’action qui en jette. Et c’est le résultat qu’attend le spectateur, friand de ce genre de show. Le cambouis, la sueur, les cris, les odeurs d’essence, la chaleur étouffante de la salle des machines en font un film de mecs, avec, il la fallait, cette petite touche de féminité en la personne de la glamour Miriam, attendant toute élégante, le retour de son héros, parti dans la tourmente pour n’en peut-être pas revenir.
Il me souvient de la Baie des Fourmis à Beaulieu-sur-Mer, où je nageais, enfant, et où je me prenais pour un héros lorsque je parvenais à atteindre la barrière de bouées orange, dans une méditerranée d’huile esthétisée par le bleu azur du ciel.
Courageux bonshommes, besogneuse Tatiana.

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The Danish Girl, de Tom Hooper

Traiter d’un sujet si épineux avec autant de finesse et d’esthétisme n’était pas gagné. Tom Hooper, metteur en scène de son état, peut bomber le torse; il l’a fait.
L’interdit alimenté par une énergie amoureuse inédite font avancer le film jusqu’à son dénouement.
Quitte à parler de sujets dits tabous, autant donc le faire joliment. Tom Hooper met de la beauté dans la quasi totalité de tous ses plans, qu’il s’agisse de paysages ou de cadrer des personnages. Le parfum de sensibilité qui embaume le film n’en est que plus pénétrant.
Gerda et Einar sont jeunes et s’aiment; ils partagent la passion de la peinture. Ils batifolent dans le Copenhague des années trente, conjuguent leurs talents respectifs et lui devient son modèle en se féminisant peu à peu. Pour des raisons artistiques d’abord, avant que le début d’une remise en question, atypique pour l’époque, ne prenne le pas sur l’inspiration picturale.
Accepter son identité sexuelle, l’assumer. Se sentir femme alors que l’on a été livré homme. En ces temps où les préjugés étaient encore plus aigus qu’aujourd’hui, où l’on passait pour un aliéné si on évoquait un tant soit peu ce glissant sujet.
Avec le concours et l’amour absolu de Gerda, Einar devient peu à peu Lili, envers et contre tout. L’histoire d’amour de ces deux artistes modernes est relatée avec une élégance particulière dont aurait pu s’inspirer Bruce devenu Caitlyn Jenner dans un autre genre.
Deux acteurs principaux, Alicia Vikander et Eddie Redmayne, bluffants d’audace et de sincérité, une façon de filmer exquise, un scénario ficelé le tout auditivement assaisonné par la musique d’Alexandre Desplat. Lili anciennement Elbe a du souffrir et connaître moult stress dans la vie réelle, se cherchant constamment, hésitant entre rimmel et porte-chaussettes, mais elle nous offre deux heures de cinéma haut en couleurs, sans doute empruntées au fameux drapeau arc-en-ciel…
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Arrêtez-moi là, de Gilles Bannier

Nice, la baie des anges, la Méditerranée qui à cet endroit spécifique a des reflets que Caran d’Ache jalouserait;  tout cela réuni aurait pu constituer le décor d’une belle comédie sentimentale.
Mais beauté des lieux ne rime pas forcément avec douceur de vivre et Reda Kateb, alias Samson, va faire les frais de cette équation peu adéquate.
Samson mène une vie paisible de chauffeur de taxi, sillonnant chaque jour les routes sinueuses des Alpes-Maritimes, accompagné de son chat roux, acclimaté depuis longtemps au confort de son monospace noir.
Un beau jour si je puis dire, tout bascule. Comme une baffe inattendue que le quotidien agacé par un « je ne sais quoi » vous inflige avec toutes les conséquences que cela implique. « Police, menottes, prison » aurait dit le regretté Galabru.
Après avoir embarqué une cliente ( Léa Drucker ) qui le troublera de son charme, Samson se voit accusé à tort d’un crime qu’il n’a pas commis. Il a beau suinter la bonne foi, il perd tout ce qui faisait son équilibre, voit sa petite amie s’éloigner de lui comme apeurée par l’opprobre qui plane sur lui.
Une femme chère à mon coeur me disait un jour qu’on allait voir un film pour un metteur en scène et pas pour un acteur. Revendiquant le droit de ne pas être systématiquement d’accord avec les femmes chères à mon coeur, je vais voir des films pour des acteurs, des actrices et même parfois pour des affiches.
Reda Kateb m’a toujours inspiré au cinéma. Il y a de la justesse dans son jeu et dans son regard. Epaulé par Léa Drucker, que l’on voit peu mais qui sait fort bien camper le rôle d’une femme blessée, par Gilles Cohen, jouant brillamment l’avocat laxiste et égocentrique, il donne au film un rythme pesant et inquiétant juste mis à mal quelques minutes par une petite scène à l’eau de rose tombée du ciel niçois. En sortant de là, cette phrase souvent entendue dans les journaux télévisés « j’ai confiance en la justice de mon pays » a un goût acide.
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Taj Mahal, de Nicolas Saada

La trouille. Cette trouille qui est le parfum du film pendant quatre-vingt-dix minutes. Nicolas Saada, le réalisateur, parvient à la rendre presque assourdissante, en dirigeant le plus naturellement du monde, la jeune comédienne Stacy Martin, personnage centrale du film.
Tout commence paisiblement. Une petite famille bourgeoise, dont le « chef de » n’est autre que le comédien Louis-Do de Lencquesaing, arrive à Bombay pour une durée de deux ans. Leur séjour commence dans le luxueux Taj Mahal Palace avant qu’ils ne puissent intégrer la douillette villa mise à disposition par l’employeur de Louis-Do, mais pas tout à fait prête.
Louise, alias Stacy Martin, s’ennuie un peu dans cette suite trop grande pour elle et ses dix-huit ans, tout comme dans ce décor luxueux que sa politesse l’empêche de qualifier de « vieux jeu ». Pour passer le temps, elle traîne dans les rues avoisinantes de la ville, dépaysantes et agitées. Le soir venu, elle se retrouve seule, dans cette suite 427, pendant que ses distingués de parents se tapent la cloche non loin d’un poulet korma dans son jus…
C’est à ce moment là que Nicolas Saada commence à se faire plaisir, aux yeux du spectateur que je suis. Des cris puis des coups de feu retentissent dans les couloirs de l’hôtel. Louise l’entend, vaguement inquiète et communique avec son père par téléphone, qui tente de lui prodiguer d’aimants conseils. La tension est palpable et va crescendo; la petite ne se démonte pas, se planque, puis ressort, à plusieurs reprises, jusqu’au dénouement que je tairai.
Stacy Martin a le talent de faire ressentir sa peur et l’imminence éventuelle d’une issue fatale. Cette jeune actrice possède le charisme nécessaire à la mise en relief de ce genre de sentiment. De plus, le fait que l’attaque terroriste ne soit vécue que dans les yeux et dans l’imagination de la jeune fille rajoute à l’originalité du film, qui presque tourné en huis clos, offre un rythme croissant lentement mais franchement.
En revanche, la musique originale a mauvais goût. Elle est pourtant composée par Nicolas Godin de l’éminent groupe Air, dont un proche fit la première partie dans une célèbre salle parisienne; il a d’habitude droit à mon sourire.
Bombay bouillonnante, la violence inattendue, l’exactitude de Stacy Martin et la présence de Louis-Do de Lencquesaing ( dont je ne sais toujours pas pourquoi je l’aime bien, ce qui est pour me plaire d’ailleurs ) donne un long-métrage au charme tendu.

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